Certains patients touchés par la COVID-19 souffrent des symptômes prolongés même 1 mois après l’infection, c’est le Covid long. La perte de l’odorat est l’une de ces séquelles, bien qu’elle ne soit pas mortelle, l’anosmie altère la vie quotidienne des patients. Deux chercheurs américains tentent de redonner espoir aux anosmiques en créant un nez bionique.

Le Covid long à l’origine de l’anosmie

L’anosmie correspond à la perte de la fonction olfactive, c’est un trouble de l’odorat qui touche près de 12% de la population. Elle peut être acquise ou présente dès la naissance. Elle engendre souvent une sensation de mal-être chez les personnes qui en souffrent. Plusieurs anomalies ou facteurs peuvent entraîner la perte de l’odorat :

• La prise de certains traitements médicamenteux qui peuvent altérer le nerf olfactif ;
• Une inflammation de la muqueuse des fosses nasales due à une allergie ;
• Une maladie dégénérative telle qu’Alzheimer ou Parkinson ;
• L’exposition à des produits chimiques et toxiques ;
•  Le développement d’une tumeur cérébrale bénigne : méningiome olfactif ;
• La présence d’une inflammation chronique du nez : polyposes naso-sinusienne;
• Les traumatismes crâniens, notamment après un accident ou une opération.

La Covid-19 en est également une des causes, c’est grâce au SARS-CoV-2 que l’anosmie est devenue connue ces derniers temps. La perte de l’odorat due à la covid est différente de celle que nous perdons à cause d’un rhume. En effet, dans le cas du rhume, la perte est temporaire et légère. En revanche, avec la covid, l’anosmie perdure même après être guéri de la maladie.

Selon quelques études, le coronavirus peut atteindre le nerf olfactif, il traverse à travers les récepteurs qui les entourent. Une autre étude a montré que la muqueuse nasale se desquame, ce qui peut entraîner une anosmie. En effet, la desquamation désigne l’élimination des couches superficielles de l’épiderme. Ces couches qui se trouvent sur la muqueuse contiennent les neurones olfactifs, ces dernières assurent la réception des odeurs.   

L’anosmie peut altérer le quotidien des anosmiques surtout lorsqu’elle est accompagnée d’agueusie, le patient ne trouve plus le plaisir lorsqu’il mange. Ceci diminue sa qualité de vie, car la perte de l’odorat entraîne des conséquences psychologiques considérables. En effet, le patient de pas sentir soi-même ceci le met dans une situation d’inconfort, une baisse de moral. 

Ce trouble olfactif peut parfois mettre la vie des anosmiques en danger. En effet, la personne n’a pas la capacité de détecter l’odeur du gaz, par exemple en cas de fuite.

Quelles solutions pour que les anosmiques retrouvent l’odorat ?

Le système olfactif est très complexe et les scientifiques peinent à le comprendre, il n’existe donc pas de traitement spécifique pour guérir de ce trouble sensoriel. Heureusement que les neurones olfactifs se régénèrent en suivant des thérapies, ce qui contribue à améliorer la situation des anosmiques : 

La rééducation olfactive : thérapie prometteuse pour les anosmiques

La rééducation olfactive est recommandée par les médecins avant de recourir aux corticoïdes. La rééducation olfactive consiste à stimuler la mémoire, ce qui permet de récupérer les capacités cognitives liées à l’odorat. Le protocole est simple, le patient peut le réaliser seul, il s’agit d’utiliser des huiles essentielles au moins 4 et d’autres aliments tels que le café.

Le patient doit s’entraîner 2 fois par jour : 5 minutes le matin, avant le petit déjeuner et le soir, après le dîner. Ce travail de récupération est long, il faut le suivre plusieurs semaines, voire plusieurs mois jusqu’à ce qu’il retrouve son odorat.

Durant ce processus, il faut sentir l’ensemble des odeurs pendant 30 secondes pour essayer de les deviner. Les sentir à nouveau en prenant le temps de bien regarder le nom de l’ingrédient pour faire le lien. Selon les résultats, environ ⅓ des patients ayant pratiqué cette méthode ont réussi à récupérer le sens de l’odorat .

Traitements médicamenteux : pour les patients qui souffrent d’un Covid long

La cortisone a été largement utilisée durant la crise de la COVID-19. Étant donné que c’est un médicament appartenant à la famille des corticoïdes, il présente beaucoup d’effet secondaire comme :

• La rétention d’eau ; 
• L’hypertension artérielle ;
• Des problèmes d’humeur et de comportement ;
• Gonflement du visage.

C’est pour cela que les patients ont souvent peur de prendre des corticoïdes.  Mais des études ont montré que la cortisone peut accélérer la récupération de l’odorat. En effet, ce traitement a été administré à des patients ayant une perte de l’odorat. Ceux-ci l’ont récupéré plus rapidement que les anosmiques n’ayant pas reçu la cortisone. 

La chirurgie : dernier recours pour les anosmiques

C’est une chirurgie endoscopique qui s’effectue à l’aide d’une mini caméra et d’instruments minuscules ou d’un laser. Elle n’a lieu qu’après des IRM et des scanners. Ces examens très poussés permettent de déterminer exactement la zone d’intervention.

Qu’est-ce qu’une prothèse bionique ?

Une prothèse bionique est une motorisée permettant de stimuler les terminaisons nerveuses des membres amputés. La prothèse bionique offre les mêmes fonctionnalités que la prothèse mécanique, mais est encore loin de remplacer réellement le membre amputé.

Son fonctionnement repose sur le principe suivant : deux capteurs sont placés sur le moignon ( extrémité du membre manquant). Ces capteurs mesures les contractions musculaires, et grâce à l’emboiture de la prothèse, ils la transforment en mouvements.

Il en existe plusieurs types :

• La prothèse myoélctrique: une prothèse qui offre un nombre limité de mouvements, elle ne nécessite aucune intervention chirurgicale ;
• La prothèse neuronale : une chirurgie est nécessaire pour la placer. Un implant placé sur le cortex moteur qui permet de capter les signaux des mouvements ;
• La prothèse hydraulique.

Les chiffres estiment que jusqu’à 20% des cas de covid long souffrent d’une perte d’odorat, depuis de nombreuses années les scientifique essayent de trouver une solution pour restaurer le sens de l’odorat. Un implant qui zappe le cerveau lorsqu’il détecte les odeurs, peut bientôt voir le jour.

Sur la piste d’un nez bionique pour restaurer l’odorat aux anosmiques

Des scientifiques de la Virginia Commonwealth University (VCU),espérent contourner les lésions du nerf olfactif grâce à un prototype. En effet, le neurophysiologiste Richard Costanzo et le Dr Daniel Coelho tentent de mettre en œuvre un nez bionique. Le prototype se présente sous forme d’un petit capteur de gaz assis près des narines, placé sur des lunettes.

Une fois que le capteur de gaz entrerait en contact avec des odeurs, les informations sensorielles seraient envoyées à un processeur externe. L’information est ensuite transmise à un réseau d’électrodes interne, qui stimule le bulbe olfactif.

Les deux chercheurs ont eu le soutien financier de Scott Moorehead qui a subi une lésion cérébrale traumatique suite à une chute. Cela l’a laissé avec une commotion cérébrale et une hémorragie interne, et a également rompu la connexion des nerfs olfactifs de son nez à son cerveau.

Un brevet de ce nez électronique a été déposé il y a quelques années, mais le chemin est encore très long pour qu’il soit commercialiser. En effet, Les scientifiques rencontrent deux grands problèmes : la prothèse olfactive ne peut reconnaitre qu’un nombre limité d’odeurs. Le deuxième problème réside dans le fait de ne pas savoir quelle partie du cerveau adéquate pour transmettre les odeurs captées par le nez bionique.