Le syndrome de Gilles de la Tourette ( SGT) est une maladie qui peut devenir handicapante. Le patient présente des tics qui affectent sa vie quotidienne. Souvent, d’autres troubles psychiatriques ou neuropsychiatriques sont associés au SGT.

Qu’est-ce que le syndrome de Gilles de la Tourette ? 

Le syndrome de Gilles de la Tourette est une maladie qui se caractérise par des tics moteurs involontaires. Des tics sonores s’ajoutent, ils sont présents dès l’enfance et persistent jusqu’à l’âge adulte. Ce trouble neurologique se manifeste souvent par un ou plusieurs troubles du comportement : déficit de l’attention-hyperactivité, troubles obsessionnels compulsifs, crises de panique ou de rage, troubles du sommeil ou de l’apprentissage.

Cette maladie doit son nom au neurologue français Georges Gilles de la Tourette. Ce dernier l’a décrit pour la première fois au XIXe siècle. Autrefois, les personnes atteintes étaient isolés en croyant qu’ils étaient possédés par des démons.

La cause exacte du SGT n’est pas connue. Mais probablement des facteurs environnementaux et génétiques contribuent à l’apparition de ce syndrome. C’est le système des neurotransmetteurs qui est affecté, de ce fait l’information ne circule pas bien entre les neurones.

Ce syndrome peut altérer la vie de l’enfant, il est donc important d’offrir à l’enfant atteint une stratégie afin qu’il puisse s’intégrer facilement dans la société.

Comment se manifeste cette maladie ?

Les premiers symptômes sont les tics moteurs qui apparaissent dès le jeune âge. Des comportements anormaux et répétitifs sont alors observés chez l’enfant. Ils se manifestent d’une manière très variable d’un enfant à un autre et leur fréquence aussi varient. chez certains cas ces tics s’atténuent avec l’age. 

Une personne atteinte peut essayer de contrôler ses tics pendant un instant, mais ils finissent par réapparaître d’une manière plus intense. Les tics sont produits pour soulager une sensation d’inconfort psychologie et physique. Leur fréquence est augmentée à cause du stress et de l’anxiété, cependant les activités qui nécessitent une grande concentration contribuent à les diminuer.

Tics moteurs

 Les tics moteurs provoquent des mouvements involontaires , ils sont liés à des contractions musculaires,il en existe deux types simples et d’autres complexes. Les tics moteurs simples se caractérisent par des mouvements soudains, rapides et sans signification : clignement des yeux, haussement d’épaules,mouvement de la mâchoire, secousse de la tête. Ces tics impliquent un seul muscle ou un petit groupe de muscles. 

Les tics moteurs complexes sont des manifestations motrices et impliquant un groupe de muscles et peuvent durer plus longtemps. Ils se caractérisent par des gestes obscènes (copropraxie), frapper ou imiter des mouvements effectués par un autre personne(échopraxie).

Tics sonores

Il existe également deux types de tics sonores : simples et complexes. parmi les tics sonores les plus fréquents : les reniflements , les cris , clappement avec la langue…

Les tics sonores complexes se présentent en la répétition des propos de quelqu’un d’autres ou par le patient lui-même .

Il existe une forme plus handicapante de tics sonores qu’est la “coprolalie”, c’est le fait que la personne atteinte profère des insultes , mais cette forme ne concerne que très peu de nombre des personnes atteintes, environ 20 %

Ces tics ne sont que la partie visible de l’iceberg , cette maladie est associée à d’autres symptômes psychiatriques comportementaux qui rendent la vie des personnes atteint de ce syndrome encore plus dur :

Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH)

c’est un trouble affectant le champ de concentration et d’attention chez les jeunes, il est plus fréquents chez les garçons que les filles, les personnes atteintes sont facilement distraites et peuvent parfois être impulsives

Trouble obsessionnel compulsif [ou de comportements] (TOC/COC)

Des pensées répétitives et incontrôlées préoccupent la personne atteinte, elle ne peut cesser d’y penser, ce qui se transforme en une obsession. Avec le temps, ces pensées  deviennent des compulsions.

La personne ne peut s’empêcher de répéter certaines actions, c’est le seul moyen pour se soulager, un exemple qui est très connu : les personnes qui ont peur de contracter des maladies, car elles pensent que tout est pollué et sale. Cette obsession les conduit souvent à s’isoler : ils refusent de sortir par peur que les autres personnes leur transmettent les maladies. Un autre comportement qui est observé chez eux est le fait de se laver les mains    plusieurs fois par jour, jusqu’à se blesser parfois.

Malgré que le SGT n’a aucune répercussion intellectuelle, cette maladie se manifeste également par des difficultés d’apprentissage chez les enfants. Ils vivent avec une grande  anxiété qui se traduit par une peur d’abandon ou des phobies.  

La personne atteinte a généralement du mal à développer des aptitudes sociales, il agit souvent de manière inappropriée à son âge. 

S’ajoutant à tout cela des crises de rage et des troubles durant leur sommeil .

Comment est posé le diagnostic du syndrome de Gilles de la Tourette ? 

Il n’existe pas d’examen spécifique pour diagnostiquer cette maladie. Il faut attendre longtemps pour que le diagnostic soit posé, car il nécessite de suivre la personne sur une longue période et observer l’évolution des tics. Et ce afin de le différencier des tics transitoires/chroniques. D’autres éléments peuvent renforcer le diagnostic, notamment des problèmes comportementaux ou psychologiques et des antécédents familiaux.

Le clinicien doit s’assurer de la présence de : 

• Deux tics moteurs et d’au moins un tic sonore sur une durée d’un an minimum
• Présence des tics plusieurs fois par jour, consécutifs. 
• Les tics doivent être précédés par une sensation prémonitoire,
• Tics incommodants pouvant affecter le fonctionnement social, familial, scolaire et/ou psychologique de l’enfant.
• Un soulagement après avoir réalisé le tic.

Quel traitement pour cette pathologie?

Les traitements disponibles servent à atténuer et à maîtriser les tics, mais pas pour les supprimer définitivement. Dans le cas où ils deviennent vraiment dérangeants et altèrent la vie quotidienne de l’enfant.

Si les médicaments des tics s’avèrent inefficaces, le médecin peut recourir à la DBS. Ce traitement constitue à implanter des électrodes à l’intérieur du cerveau afin de bloquer les signaux qui provoquent les tics.

Une autre méthode peut-être utile afin d’inhiber la réalisation du tic, cette pratique est appelée HRT ( habit reversal training) en français la technique de l’inversion d’habitude.

Dans le but d’atténuer les autres troubles associés à ce syndrome :

• Des antidépresseurs inhibiteurs (IRS)  sertraline, paroxétine sont prescrits pour le traitement des troubles obsessionnels compulsifs.
• Des agents noradrénergiques (amoxétine) ou des stimulants (comme la ritaline) sont indiqués pour le TDAH

Un autre aspect dont l’importance ne peut être ignorée dans le traitement du SGT est : l’information de l’entourage. La famille et l’environnement d’un enfant atteint doivent faire beaucoup d’ajustements pour améliorer la vie. À l’école, enseignants et camarades doivent comprendre que les tics sont involontaires, il est parfois impossible de les contrôler. Ils doivent donc être plus tolérants et mettre en place quelques mesures d’adaptation.

Sur le plan familial, les parents peuvent consulter un expert ( travailleur social) pour mieux les informer à propos de ce syndrome. Ceci les aidera à mieux comprendre leur enfant et stabiliser sa situation.